GRÂCE À QUI | Poèmes narratifs | Gaëlle JOLY GIACOMETTI | Barbara et d'autres vies encore...
25/03/2024
Photo Marie-Thérèse Peyrin - L'eau sous les ponts (c)
GRÂCE À QUI ???
Nous étions une dizaine autour du gâteau d’anniversaire. En se penchant pour souffler les
bougies, on pouvait y lire « Barbara » écrit en sucre rose
On pouvait dire de Barbara qu’elle était la plus jolie de la classe, que sa maison était propre
et grande, qu’à l’époque ses parents n’avaient pas encore divorcé, qu’elle aimait le rose et
que nous voulions toutes avoir la vie de Barbara
La part de gâteau avalée, ce fut le moment de choisir le jeu. Chacune avait son avis, c’était
le bazar
Alors la maman de Barbara a dit, On va faire cela
Sa fille a dit, Non je veux ceci
Nous étions autour, les joues roses, prêtes à choisir ce que voudrait la fille, oui bien, ce que
voudrait la mère, si Cela ou Ceci pouvait rompre notre gêne
Puis la mère a planté son regard dans celui de sa fille, C’est grâce à qui ??? C’est grâce à
qui ça ??? en désignant les ballons et les guirlandes roses
Alors on a fait le jeu que la mère avait posé sur la nappe rose de la table du salon
*
Ils avaient terminé leur petit-déjeuner, le mari la félicita encore, Trois enfants, un travail et
réussir un concours dans la fonction publique, vraiment bravo
Sa femme déjà debout pour ranger le petit déjeuner marmonna, En tout cas ce n’est pas
grâce à ton aide que j’y suis arrivée…
Le mari s’éloignait déjà quand la tasse posée sur le rebord de l’évier, tomba
Le mari revenu sur ses pas, Ça va ?
Sa femme à bout, Non, non, non ça ne va pas ! ! !
Alors le mari aida à ramasser les débris qui faisait pleurer sa femme, hyper-réactive en ce
moment disait-il à voix basse le dimanche suivant à son beau-frère, après avoir posé sa
tasse sur la table,
à côté de la soucoupe
*
Dans le bureau à côté, je les entendais, Saadia debout derrière son chariot de ménage,
Brigitte assise à son bureau de comptable. Le matin vers dix heures, elles s’octroyaient un
temps de conversation qui n’était pas une pause, ni du travail
Ce jour-là Saadia s’inquiétait, son fils ne trouvait pas de stage malgré plusieurs rendez-vous
avec des patrons, alors j’entendis Brigitte dire à Saadia, Ton fils doit apprendre à baisser la
tête s’il veut s’intégrer, faut pas se mentir, il doit baisser la tête face aux patrons parce que
c’est grâce à la France qu’il ne vit pas dans la misère en Algérie.
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